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Jean-Daniel Compain, l’éternel optimiste qui emmène les galeries d’art au bout du monde

Jean-Daniel Compain, l’éternel optimiste qui emmène les galeries d’art au bout du monde

Sommaire

Bienvenue sur le cinquième volet de notre série La Belle Histoire. Cette récente colonne de notre blog a vocation à donner la parole à des entrepreneurs ambitieux, créatifs et persévérants. De par notre métier, nous sommes amenés à échanger avec des profils très diversifiés chaque jour.

Pour le premier volet de notre série, nous avions échangé avec Patrick Jouffret, un designer industriel porté par l’innovation. Pour le suivant, c’était avec Alan d’Alfonso Peral, un amoureux de la voile, fermement décidé à dépolluer l’univers marin. C’était ensuite au tour du brasseur passionné Martin Pellet de nous évoquer son parcours. Enfin, pour le quatrième épisode, Victor Chevallier nous a confié comment son amour pour la musique l’a conduit à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Pour cette nouvelle interview, nous nous sommes entretenus avec Jean-Daniel Compain, un professionnel reconnu de l'organisation de grands Salons animé par un goût du challenge incroyable. Fondateur et Président de The WAL, World Art Lounge, une plateforme en ligne, il permet aux galeries d’art à la recherche de nouveaux marchés d’exposer dans le monde entier.

Avant de nous parler de The WAL, pourriez-vous nous en dire en peu plus sur votre parcours ?

J’ai fait tellement de métiers différents dans ma vie ! J’ai commencé dans la pub très jeune, à 19 ans. J’ai débuté dans une agence américaine que j’ai quittée deux années plus tard pour suivre un chef de groupe qui montait sa propre structure. Je trouvais bien plus amusant de me lancer dans une telle aventure que de rester sagement dans un grand groupe déjà établi. Je n’y suis resté que 4 ou 5 ans - je ne sais plus trop, ça commence à dater !- car je commençais à saturer un peu de la pub.

J’ai alors monté une société de production, mais elle n’a pas fait long feu. Et… j’ai perdu tout ce que j’avais ! Ensuite, j’ai un peu travaillé avec mon père qui, à l’époque, était le premier à faire de grosses structures gonflables pour couvrir les tennis et les piscines.

Et c’est dans ce cadre que j’ai rencontré quelqu’un qui a beaucoup compté dans ma vie : Tibor Sillinger. D’origine hongroise, il était fabricant de bateaux pneumatiques à usage civil et militaire.

“C’est grâce à lui que j’ai vraiment fait mes armes à l’international.”

Je suis resté à ses côtés en tant que Directeur Export. Ayant beaucoup développé l’activité militaire, j’ai ensuite passé une dizaine d’années en tant que conseil dans ce domaine.

J’ai ensuite décidé de monter une société de... lunettes ! Je ne l’ai gardée que quelques années, avant que je ne retombe sur mon vieil ami Tibor Sillinger.

Votre parcours est pour le moins atypique ! Mais comment la fièvre de l’évènementiel vous a-t-elle ensuite gagnée ?

À l’époque, Tibor était également le Président du Salon Nautique à Paris. Cet évènement ne se portant pas très bien, il m’a demandé si je voulais bien faire un audit. Ce que j’ai accepté. À la fin de cette expertise, Tibor et le propriétaire de la société organisatrice du salon m’ont dit qu’il serait bien que mes conseils… je vienne les mettre en oeuvre ! Ce qui n’était absolument pas prévu !

Et c’est ainsi que je suis entré dans cette société qui venait d’être achetée par un grand groupe, Reed Exhibitions, le premier organisateur de salons au monde.

“J’étais devenu le Commissaire adjoint du Salon Nautique de Paris. J’ai assez rapidement gravi les échelons, puisque 4 ans après, j’étais nommé Directeur général de la société.”

Je suis resté 20 ans chez Reed, à croire que je m’étais enfin un peu stabilisé ! J’avais même le plus beau portefeuille du groupe, puisque j’étais à la tête bien sûr du Salon Nautique, mais aussi du Salon du Livre, de la FIAC, de Paris Photo, du Yachting Festival de Cannes, la Biennale des Antiquaires, etc. Oui, j’avais vraiment un très beau portefeuille de salons.

Comment en êtes-vous venu à créer une Marketplace à destination mondiale à la portée des galeristes désireux d’augmenter l’attractivité de leurs évènements ?

En 2016, j’ai décidé de quitter le groupe. Tout simplement, car je commençais à m’ennuyer, ça ne m’amusait plus beaucoup. Et puis, j’avais envie d’entreprendre de nouveaux projets.

“Pendant toutes ces années, j’avais découvert un univers passionnant : celui  de l’art contemporain.”

Et j’étais persuadé qu’il y avait des choses à faire, notamment pour aider les petites et moyennes galeries d’art qui n’avaient pas accès aux foires. Et si quand bien même elles y étaient acceptées, ce qui du reste est assez rare, elles n’ont pas les moyens d’y exposer. Cela reste donc très compliqué pour elles. Beaucoup de galeries ont fermé pour ces raisons, et c’est malheureusement encore le cas aujourd’hui.

De ce constat, je me suis demandé comment je pouvais les emmener pour des budgets raisonnables sur de nouveaux marchés, dans des lieux où il y avait un trafic qualitatif identifié. Alors que je travaillais sur le sujet, l’un de mes neveux m’a suggéré un phénomène que je ne connaissais pas, celui des Pop-Up Store. Pourquoi ne pas regrouper des galeristes pour qu’ils puissent exposer dans des lieux éphémères du monde entier ?

J’ai alors tout remis à plat et étudié ce concept pendant pratiquement un an. Une fois défini, il fallait ensuite le tester ! Et finalement, nous sommes sortis du bois en mars 2019. Effectivement, on pourrait comparer The WAL à une Marketplace. Imaginons, vous êtes galeriste et vous faites acte de candidature sur le site, démarche qui nous permet d’être un minimum sélectif. Une fois votre candidature acceptée, vous avez plusieurs options.

Soit vous décidez d’exposer seul dans telle ou telle ville du monde, et vous nous demandez de trouver un lieu. Puis, en fonction de vos besoins, nous vous accompagnons pas à pas dans votre projet d’exposition.

Soit, vous décidez de vous regrouper avec d’autres galeristes, à 5, 6, 12, peu importe, pour aller par exemple à New York ou San Francisco, où vous voulez ! Et nous appliquons la même démarche.

D’un côté, nous répondons à des demandes de projets, et d’un autre, nous organisons aussi nos propres évènements, et ça, je sais un peu faire !

C’est assez incroyable car, que vous répondiez à des demandes de projets des galeristes ou que vous organisiez vos propres événements, les destinations que vous proposez couvrent presque tout le globe

Effectivement, notre programme de destinations s’étend aussi bien en Europe qu’en Amérique, Asie et Moyen-Orient. C’est mon côté un peu fou ! Néanmoins, très honnêtement, nous nous sommes un peu calmés sur le sujet. En fait, je partais du principe que, si le concept est bon, nous devions être les premiers à le mettre en oeuvre sur le marché.

“Et, si on veut être en pole position, il faut que l’on soit sur les trois continents les plus importants.”

C’était peut-être un petit peu trop ambitieux, je l’avoue ! Pour l’Asie, bien que l’on y organisera des évènements en 2020, on va se calmer un peu, tout simplement parce que c’est un peu plus compliqué à gérer. Nous nous sommes donc recentrés sur l’Europe et les États-Unis qui restent tout de même les grands marchés.

Quant aux villes d’exposition de votre programme, comment les sélectionnez-vous ?

Nos galeries membres n'ayant pas des budgets illimités et n'ayant pas toujours une bonne connaissance de certains marchés, nous devons impérativement, pour gagner leur confiance, faire en sorte que les publics concernés répondent présent. Nous avons donc pour cela bâti un programme très riche pour chaque mois en sélectionnant des moments forts de l'année, où nous savons qu'il y a un fort potentiel de collectionneurs et d'acheteurs présents.

Ce programme s’appuie sur plusieurs types d’évènements : grands évènements lifestyle, les Fashion Weeks de Paris, Milan, New York et Londres, certaines Biennales, et enfin quelques évènements artistiques et ventes aux enchères rigoureusement sélectionnés.

“L’année prochaine, nous envisageons des expositions pendant le Festival du film de Cannes, les Grammy Awards aux États-Unis, ou encore les Oscars du cinéma à Los Angeles.”

Nous nous appuyons donc aussi sur des évènements déjà existants. Mais nous allons également dans des endroits où l’on sait qu’il y a des collectionneurs et des galeries, donc, du potentiel. Nous avons ainsi sélectionné près de 45 villes. Il faut être réaliste, nous ne ferons pas tout cette année, notamment car ces projets d’exposition nécessitent une préparation rigoureuse.

J'ai également commencé à lever des fonds, ce qui me prend un temps de dingue ! Bien entendu, on m’avait prévenu, mais bien sûr, par nature, je ne voulais pas y croire. Moi, je suis foncièrement optimiste ! Mais, je m’en rends compte que c’est effectivement très long et complexe.

J’imagine que pour porter des projets d’une telle envergure, il faut aussi des ressources humaines importantes ?

Là, actuellement, nous ne sommes que quatre, et c’est vrai que cela ne fait pas beaucoup. Pour concrétiser tous nos projets, nous allons commencer à recruter d’ici la fin de l’année. Nous étofferons la structure au fur et à mesure du développement de nos activités.

Il ne faut pas perdre de vue que, pour le moment, nous sommes en phase de démarrage. Je pense que nous ne pourrons pas organiser plus de deux ou trois évènements d’ici la fin de l’année. Et cela pour une raison simple, ceux que nous allons préparer vont être les premiers, et nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas les réussir. Nous n’avons pas le droit à l’erreur.

Après, quand nous aurons démontré la pertinence du concepts, ce dont je suis évidemment persuadé, notre croissance peut devenir exponentielle, tout du moins, très, très rapide. Je suis convaincu que si le concept répond à la problématique que connaissent toutes les galeries, il peut vraiment se développer très vite.

Imaginons que je sois galeriste et que je vous contacte via votre site Internet. Concrètement, quel va être votre rôle ?

Et bien, généralement, la galerie nous donne son choix de destination. Par exemple, j’en ai une très grande qui nous a demandé de lui trouver un lieu à Londres pour 1 mois, parce qu’elle ne veut plus faire de foires. En 48h, nous lui en avons proposé cinq.

Une fois qu’elle en a retenu un qui l’intéresse, nous lui faisons une offre budgétaire qui va de la location à un ensemble de services qu'elle choisit en fonction de ses besoins.

En effet, soit, la galerie utilise nos partenaires, transporteurs, assureurs, etc., en direct, en totale transparence, soit elle prend ses prestataires habituels. Nous offrons vraiment un service à la carte, où tout est flexible.

Mais notre vraie valeur ajoutée, ce n’est pas de dénicher des lieux, car à la limite, les galeries n’auraient pas besoin de nous pour le faire. Nous, notre véritable savoir-faire, c’est l’activation. C’est-à-dire, la promotion, les réseaux, les relations avec les médias, le fait de faire venir des personnes qui intéressent nos galeristes, donc des collectionneurs, des institutions et des acheteurs potentiels. Ça, c’est vraiment notre vraie valeur ajoutée.

“Bien sûr, nous sommes présents durant toute la durée de l’exposition. Nous avons vraiment une mission de conseil et d’accompagnement, pour moi, c’est capital.”

L’avantage pour les galeries, c’est aussi que cela leur permet de trouver des débouchés pour leurs artistes. Imaginez une exposition à Séoul où il y a de très bonnes galeries, l’une d’entre elles peut très bien remarquer un jeune artiste français et décider de travailler avec lui !

Et inversement. Exemple, il y a deux mois, j’étais à Bangkok. J’ai découvert des artistes thaïs absolument incroyables que peu de gens connaissent, sauf quelques grands galeristes français qui commencent à faire des allers-retours à Bangkok. Donc, l’inverse est vrai aussi !

Quelle vision portez-vous sur le métier de galeriste ?

C’est avant tout un métier de passion. Mais, il est en train de changer. Maintenant, les galaristes deviennent aussi des chefs d’entreprise. Ils ont bien compris qu’être passionnés d’art, c’est essentiel, mais à un moment donné, à la fin du mois, il faut quand même payer un certain nombre de choses. Tout ça est en train de considérablement évoluer. Très vite ! Et, bien sûr, le digital permet de réaliser plein de choses que l’on ne pouvait pas faire avant.

Et l’avenir, comment le voyez-vous ?

L’objectif à 5 ans est d’être implanté dans 45 villes, ce qui est déjà très ambitieux. C’est aussi de compter 1 500 membres, ce qui est pas mal du tout. D'autant que nous ne couvrons pas que l'art contemporain ou moderne, mais aussi, par exemple, le mobilier des années 30, etc; C'est en fait tout le marché de l'Art au sens large.

Il faut savoir qu’il y a un peu moins de 300 000 art dealers dans le monde. Aussi en en visant 1 500, ce n’est pas non plus délirant, mais ça peut exploser d’un seul coup et aller beaucoup plus vite.

"Je ne voudrais pas nous comparer à Airbnb ou Uber parce que cela pourrait paraître prétentieux, mais nous avons un concept qui est très disruptif dans le domaine de l’art."

Et qui donc, du jour au lendemain, peut décoller. Le problème qui se posera alors, comme souvent dans ce cas, sera un souci de croissance, de fonds propres, etc. Quand mes petits camarades me disent qu’il faut faire attention à ça, moi, je leur réponds que ce sont des problèmes de riches. J’adorerais me retrouver dans cette situation !

Mon objectif, c’est donc d’organiser un peu plus de 300 expositions d’ici fin 2022, d’obtenir 1 500 membres et de proposer entre 40 et 45 villes où nous ferons des évènements régulièrement. Ce qui déjà, une fois de plus, est très ambitieux. Mais, nous allons monter en puissance, c’est une certitude !

Ce qu'il faut retenir

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