Facturation
15/5/2025
- mis à jour le
Portail Public de Facturation (PPF) : Qu'est-ce que c'est et à quoi ça sert ?

Sommaire
La réforme de la facturation électronique, lancée par la loi de finances 2020, a pour objectif de moderniser les échanges entre entreprises assujetties à la TVA.
À l’origine, le Portail Public de Facturation (PPF) devait servir de solution gratuite pour permettre aux entreprises d’émettre et de recevoir leurs factures électroniques.
Mais le projet a évolué : le PPF n’a plus vocation à être un outil utilisé directement par les entreprises. Son rôle a été recentré sur des missions bien précises, en lien avec l’architecture technique de la réforme.
Dans cet article, nous allons voir en quoi consiste ce repositionnement, et comment le PPF s’intègre dans le nouveau fonctionnement de la facturation électronique en France.
C’est quoi le Portail Public de Facturation (PPF) ?
Le Portail Public de Facturation (PPF), tel qu’il avait été pensé au départ, devait être un outil gratuit et accessible à toutes les entreprises, inspiré du modèle Chorus Pro (utilisé pour les factures adressées au secteur public).
L’idée était de permettre à toutes les structures, notamment les TPE et PME, de créer, envoyer, recevoir et consulter leurs factures électroniques via un portail public, sans avoir besoin de recourir à un prestataire privé.
Ce devait être une solution nationale, standardisée et universelle, pensée pour garantir un accès équitable à la réforme, même pour les entreprises les moins équipées.
Les plateformes privées certifiées (PDP) restaient possibles, mais le PPF devait offrir une alternative publique.
À quoi servait le PPF au départ ?
Dans sa première version, le PPF avait donc une vocation opérationnelle : permettre aux entreprises de gérer directement leurs factures électroniques, tout en assurant leur conformité.
Le modèle initial du PPF s’inspirait partiellement de l’approche adoptée dans certains pays européens, en lien avec les objectifs de l’Union européenne autour de la numérisation des échanges fiscaux. Comme la directive 2014/55/UE ou bien le projet ViDA (VAT in the Digital Age) et même d’autres pays ont aussi mis en place des modèles comparables comme l’Italie avec sa plateforme publique SdI (Sistema di Interscambio), qui centralise toutes les factures électroniques (B2G, B2B, B2C).
Le modèle est très proche de ce que devait être le PPF à l’origine.
Cependant, cette idée en France à été ajustée pour tenir compte de plusieurs réalités :
- des contraintes techniques lourdes à mettre en œuvre ;
- une volonté de ne pas concurrencer les solutions privées déjà bien avancées ;
- et surtout, le besoin de simplifier l’architecture du dispositif pour garantir un lancement réussi.
En résumé, le modèle initial du PPF, pensé comme un guichet unique public, a été abandonné au profit d’un rôle plus ciblé et plus technique qui va assurer le lien entre les PDP et la DGFiP.
La situation du PPF aujourd’hui
Le 15 octobre 2024, la DGFiP officialise un changement de cap. Le PPF est redéfini comme un élément technique de l’infrastructure, désormais désigné sous le nom de Concentrateur de Données (CDD).
Il n’est plus accessible directement aux entreprises, ni pour créer, ni pour envoyer, ni pour recevoir des factures. Son rôle est recentré sur deux missions précises :
- Collecte des données fiscales : le PPF reçoit les données de facturation électronique (e-invoicing et e-reporting), transmises uniquement par les PDP agréées, et les transmet à l’administration fiscale.
- Gestion de l’annuaire central : il maintient à jour l’annuaire qui associe chaque entreprise (via son SIREN/SIRET) à la PDP qu’elle utilise. Cet annuaire est essentiel pour garantir le bon acheminement des factures entre entreprises.
Pourquoi ce recentrage ?
Ce changement apporte plusieurs bénéfices concrets :
- Une répartition des rôles plus claire entre acteurs publics et privés.
- Moins de redondance entre outils publics et solutions de marché.
- Une meilleure efficacité pour l’administration, qui se concentre sur le traitement et l’analyse des données.
- Plus de flexibilité pour les entreprises, qui peuvent s’appuyer sur des plateformes adaptées à leur environnement logiciel (ERP, facturation, comptabilité...).
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PDP et OD : comment s’articulent-ils avec le PPF ?
Dans le système de facturation électronique, deux types d’acteurs interviennent aux côtés des entreprises : les PDP (Plateformes de Dématérialisation Partenaires) et les OD (Opérateurs de Dématérialisation).
PDP et OD : deux rôles différents, à ne pas confondre, avec des fonctions bien distinctes.
Rafraîchissons les informations :
Les PDP, ce sont les Plateformes de Dématérialisation Partenaires. Autrement dit, des logiciels de facturation certifiés par l’État, qui permettent de transmettre les factures électroniques et les données fiscales à l’administration (via le PPF), notamment pour le e-reporting, dans le cadre de la réforme de la facturation électronique en France.
Elles s’occupent aussi de vérifier la conformité des factures, de les transmettre au bon destinataire, et, le cas échéant, de les archiver selon les règles en vigueur.
Important : si vous voulez respecter la réglementation, vérifiez si votre logiciel de facturation est bien certifié comme PDP.
Les Opérateurs de Dématérialisation (OD) sont des logiciels qui proposent des services autour de la facturation électronique : génération de factures au bon format, intégration avec votre outil de gestion, automatisation, conversion de fichiers, etc.
Jusqu’ici c’est clair mais attention, — et c’est essentiel — ils ne peuvent pas transmettre les données fiscales à l’administration. Ils doivent forcément s’appuyer sur une PDP pour que vos factures soient prises en compte dans le cadre légal.
En clair : un OD peut faciliter votre quotidien, mais il ne vous dispense pas d’utiliser une PDP pour être en conformité avec la réforme.
Et le PPF dans tout ça ?
Le Portail Public de Facturation (PPF) n’est pas un outil que vous utilisez directement. Rappelez-vous il ne remplace pas les PDP ni les OD. Son rôle est de recevoir les données envoyées par les PDP, de les centraliser et de les transmettre à la DGFiP. Il gère aussi l’annuaire qui permet de savoir à quelle plateforme est rattachée chaque entreprise.
C’est donc un élément clé dans le système, mais pas une solution pour gérer vos factures.
Comment vont fonctionner les PDP et les OD dans le nouveau système ?
Dans le cadre de la réforme de la facturation électronique, les PDP (Plateformes de Dématérialisation Partenaires) et les OD (Opérateurs de Dématérialisation) auront des rôles différents et (parfois) complémentaires.
Les PDP c’est le canal officiel vers l’administration car seront les seules plateformes habilitées à :
- transmettre les factures électroniques à l’administration via le PPF (Portail Public de Facturation),
- envoyer les données de e-reporting.
- garantir la conformité fiscale des documents.
Elles joueront le rôle de tiers de confiance, avec un agrément officiel délivré par l'État.
Les OD c’est un support technique au quotidien car ils ne sont pas agréés par l’administration,
par contre ils pourront :
- générer des factures électroniques au bon format (Factur-X, UBL, etc.),
- automatiser les envois, les relances ou l’intégration avec votre logiciel comptable,
- convertir des factures papier ou PDF en format structuré.
Mais attention : ils ne peuvent pas dialoguer directement avec l’administration.
C’est pourquoi, même si vous travaillez avec un OD, vos flux devront obligatoirement passer par une PDP pour être reconnus dans le cadre légal de la facturation électronique.
Et précisément, comment ça va marcher ?
Plusieurs cas de figure sont possibles :
- Vous utilisez un logiciel de facturation connecté à une PDP : tout est géré automatiquement. Vos factures sont créées, validées, transmises et archivées selon les règles.
- Vous passez par un OD (souvent intégré à votre ERP ou outil comptable) : l’OD prépare la facture, puis la transmet à une PDP, qui se charge du reste. Vous profitez ainsi d’un outil adapté à votre quotidien, tout en respectant les obligations légales.
- Si votre outil actuel n’est ni PDP ni relié à une PDP, vous devrez envisager une mise à jour, un changement de solution ou une passerelle via un OD + PDP.
À retenir :
Les OD accompagnent les entreprises dans la production et le traitement des factures, tandis que les PDP assurent la liaison avec l’administration. Pour être en conformité, le passage par une PDP sera indispensable, même si un OD intervient dans le processus.
Même si les entreprises ne passeront plus directement par le PPF (désormais appelé CDD – Concentrateur de Données), son rôle reste essentiel dans l’architecture du nouveau système.
C’est à travers lui que transitent les données de facturation et de e-reporting collectées par les PDP, et c’est lui qui centralise les informations de l’annuaire des assujettis pour garantir un routage fiable des factures.
Autrement dit, même si son action est invisible pour les utilisateurs finaux, le CDD est la colonne vertébrale technique du dispositif, assurant la cohérence, la traçabilité et la sécurisation des échanges entre les entreprises et l’administration.
La réussite de cette réforme repose sur un écosystème fluide, connecté et structuré : entreprises, OD, PDP et administration doivent fonctionner en synergie.
Anticiper cette transition dès maintenant, c’est non seulement se mettre en conformité, mais aussi poser les bases d’une gestion plus performante, plus automatisée… et plus fiable.